Discours de
Mr. le Sénateur
Pierre Laffitte
« Towards a Human Information Society »
La télématique et internet pour l'homme
Internet - les resaux - la mondialisation et l'enracinement local
La mondialisation que prévoyait, il y a plus de 50 ans, le philosophe
Teilhard de Chardin avec sa « noosphère » superposée
à la biophère, est entrée dans notre vie quotidienne.
Le développement des réseaux de téléphone, telex,
fax, des systèmes satellitaires et désormais l'utilisation
massive et généralisée des réseaux type INTERNET
l'ont rendue possible et visible.
Un autre mouvement fort, en réaction ou complémentaire, renforce
chez les populations du globe le besoin se s'enraciner localement. Cultures,
langues, habitudes, traditions sont de plus en plus vivaces.
Je suis fier et heureux de ma patrie locale et bien sur de ma francophonie,
fier et heureux d'avoir fait cohabiter la modernité de SOPHIA-ANTIPOLIS,
le plus grand parc scientifique européen, avec le style de vie méditerranéen
et azuréen.
SOPHIA-ANTIPOLIS a le plus grand nombre de serveurs Internet au kilomètre
carré en Europe dans un lieu désert il y a vingt cinq ans.
J'en viens au coeur de mon propos : la Télématique et Internet
pour l'homme. Comment orienter la société de l'information
qui s'annonce vers les besoins des hommes. Et les droits et devoirs de chacun.
Ceci concerne plus particulièrement le pays qui inscrit sur ses monuments
publics la devise « Liberté-Egalité-Fraternité».
En France, la pratique massive de la télématique a plus de
12 ans grâce au Minitel. Désormais enrichie par les techniques
numériques, les réseaux grands débits, l'usage massif
d'INTERNET, comment la télématique peut-elle évoluer?
- Instrument de liberté : Chacun peut communiquer comme il l'entend.
C'est la liberté d'expression rendue plus effective. Toutefois, l'absence
de toute réglementation conduit à des excès. Il faut
définir une déontologie et pouvoir l'imposer. La liberté
s'arrête lorsque l'on porte atteinte aux droits d'autrui. Des réflexions
multinationales concerne l'éthique des services véhiculés
sur les inforoutes sont en cause et devront être concrétisés
dans des accords internationaux.
- Instrument d'égalité : Les nouvelles technologies permettent
de diminuer les coûts d'accès à l'information. L'accès
de tous au savoir devient aisé. c'est en outre une possibilité
d'expression offerte à toutes les cultures. A condition toutefois
que soient perçus les dangers d'une domination excessive de certaines
cultures économiquement dominantes.
- Instrument de franternité et de convivialité : c'est
un outil potentiel de cohésion sociale dans les villes, de coopération
internationale équilibrée. Il est nécessaire que les
pouvoirs publics et le mécénat industriel s'associent pour
financer la conception des services indispensables (télé-éducation,
transfert technologique, télémédecine, culture civisme,
etc.) et leur diffusion mondiale ou locale.
La pratique télématique française permet d'espérer
que la décentralisation, la baisse des tarifs des télécommunications
conduisent à ce que la créativité et les initiatives
se multiplient et que leur créativité soit attractive.
En matière de développement de la francophonie au niveau mondial,
il dépend plus de la qualité des produits disponibles, de
leur adaptation à la clientèle mondiale que d'une position
défensive.
En matière de protection contre les excès de liberté,
notamment en matière de protection de l'enfance et de l'adolescence
contre la pornographie, de règlementation contre les propagandes
illégales (drogue, crime, etc.) soient assurées.
Les diverses cultures sont, on le sait, un des atouts de l'humanité.
L'Europe et les pays méditerranéens sont conscients de l'importance
du maintien de ce qui constitue le véhicule majeur de la pensée,
la richesse de sa diversité, le rôle essentiel en matière
d'innovation de la fertilisation croisée entre les cultures. Plus
tôt une égalité de création se développera,
mieux cela portera.
Il faut pour cela une vigoureuse politique nationale et régionale
pour faciliter la création de contenus très spécifiques
et leur diffusion.
Qu'il s'agisse de produits tels que conçus pour des sourds ou malentendants,
tels que production de produits en braille sur ordinateurs, de services
spécifiques à des communautés urbaines dans certains
quartiers défavorisés, ou qu'il s'agisse de supports et d'informations
sur des langues régionales ou peu usitées, tout est possible
si on le veut.
L'égalité des langues impose des concepts de création
différents. Pour les produits multimédia par exemple, on sait
que le problème de mise en place de scénarios, d'acquisition
de droits, de conception générale des produits coûte
beaucoup plus cher que la localisation générale en diverses
langues. Le coût du pressage lui même est relativement modeste.
Le contenu des inforoutes doit indiscutablement tenir compte de ces impératifs
si l'on veut que la Société de l'Information qui s'annonce
soit acceptée et adoptée par nos concitoyens. Si les développements
ne se limitent qu'au commerce électronique et aux relations internes
aux entreprises ou entre entreprises.
La société de l'information ne sera ni conviviale, ni égalitaire,
ni porteuse de libertés. Il faut donc qu'à côté
de force de marché, il y ait volonté publique.
En France, les pouvoirs publics et les milieux intellectuels prennent conscience
de l'enjeu, tant sur le plan de la culture -et notamment la culture francophone
que de la démocratie. La lutte contre la fracture sociale, l'avenir
des relations Nord-Sud, la télémédecine et la télééducation
impliquent à notre avis des efforts de l'Etat.
Quelques exemples :
- Le Ministère de la Culture et les Numérisations
- Le développement de la mise à distance-formation-éducation-santé
(Forum tenu à Sophia-Antipolis)
- Le porjet MEDSAT
- Les serveurs de la métropole azuréenne (Sophia-Chambre
de Commerce et d'Industrie-Tourisme)
La vie associative locale et mondiale
Les groupes de travail ou de discussion, les forums se multiplient sur INTERNET.
C'est l'aspect planétaire. Combiner ceci avec l'enracinement local
est possible avec la mise en place de lieux privilégiés où
concepteurs de produits, utilisateurs de produits, industriels divers, pouvoirs
publics concernés, conversent et se rencontrent. C'est le principe
même de clubs et structures de mise en contact dont la concertation
permet de développer des phénomènes du type Smart Sophia-Antipolis,
Smart Valley en Californie, Smart Ontario ou Smart Montréal.