The Information Society in the Euro-Mediterranean context: Research and Information Technologies

Sophia-Antipolis, 1-2 April 1996


Article apparu dans "Nice Matin" Mercredi 3 Avril 1996:



Information : le défi euro-méditerranéen

Les représentants de 27 pays réunis pendant deux jours à Sophia- Antipolis


La société de l'information: nous y sommes et nous y serons de plus en plus. On le voit bien avec Internet - et ce n'est qu'un début: la communication entre les hommes ignore les frontières, les distances et le temps. Cela va changer beaucoup de choses dans notre manière de vivre, de travailler et de penser. Les enjeux économiques et sociaux sont incommensurables.

L'Europe s'en préoccupe car il ne s'agit pas de laisser notre communauté sur le bord de la route alors que les Etats-Unis fonceraient de l'avant. Et rafleraient tous les marchés. L'ERCIM, ou consortium européen pour la recherche en informatique et mathématiques, a été créé pour que ses pays membres n'avancent plus en ordre dispersé.

Mais, pour autant, l'Europe ne néglige pas ses alliés naturels qui bordent les rives sud de la Méditerranée. Au contraire: la Commission européenne souhaite relever le défi qui consiste à les associer au développement de cette fameuse société de l'information.

C'est la raison d'être d'un atelier organisé par l'ERCIM, hier et lundi, au CERAM de Sophia Antipolis sous l'égide de l'INRIA et de la Commission européenne. Vingt-sept pays étaient représentés dont le Maroc par son ministre de l'enseignement supérieur M. Khalil.

Michel Carpentier, de la Commission européenne, pouvait se féliciter du succès de cette réunion: "La communauté européenne a prévu d'investir 25 milliards de francs dans un par-tenariat entre l'Europe et les pays de la Méditerranée. Il s'agit de permettre a nos partenaires euro-méditerranéens d'accéder, dés à présent, aux toutes dernières technologies afin d'éviter une rupture entre les deux rives de la Méditerranée. De mieux se structurer, de combler le fossé qui nous sépare d'eux dans le développement de cette société de l'information. Le message politique est clair: cette mise à niveau par une structuration et des échanges est un facteur de stabilité pour tous et, aussi, un atout important dans la rivalité économique et culturelle qui nous oppose aux Etats-Unis dans cette partie du monde si proche de nous".

Le projet Aquarelle

Il faut dire que l'ERCIM, maître d'oeuvre de cet atelier réservé aux chercheurs universitaires et industriels et aux enseignants, a fait de très sérieux efforts pour créer une véritable communauté scientifique européenne en informatique et mathématiques depuis cinq ans. C'est le professeur Christos Nikolau, chercheur à l'lnstitut National de Recherche Grec et président du comité exécutif de l'ERCIM, qui l'affirme, exemples à l'appui: "Nous offrons des bourses à de jeunes chercheurs qui réalisent des projets regroupant plusieurs équipes dans divers pays. Nous avons mis sur pied des réseaux de chercheurs sur des sujets spécifiques, nous organi-sons des ateliers et des visites et nous faisons des propositions pour des projets communs".

"L'un d'eux, à but culturel, se nomme Aquarelle. Il s'agit de créer un réseau informatique pour connecter les musées français, italiens, grecs et anglais. Chacun pourrait découvrir, en se branchant sur ce réseau, les tableaux et autres objets d'art contenus dans chacun des musées. Nous avons aussi l'idée de créer une bibliothèque virtuelle. La encore, chacun, en payant ou gratuitement, selon qu'il s'agisse d'une information pédagogique ou commerciale, pourra lire sur son écran le livre ou le document qui l'intéresse à partir d'une base de don-nées commune".

"Relations entre les hommes par l'échange d'idées mais aussi réalisations communes, ajoute le directeur général de l'ERCIM, M. Jean - Michel Chassériaux. Pour ce qui est de la Méditerranée, par exemple, trois projets ont été retenus: le management des zones côtières en collaboration avec IFREMER, l'évaluation des risques sismiques et celle des réserves en eau. Il s'agit de créer des bases de données à distance et des réseaux de surveillance en mettant à la disposition des spécialistes des modèles mathématiques qui permettraient, par exemple, de prévoir l'évolution des niveaux de pollution dans telle ou telle zone et cela à partir de leurs propres informations".

L'atelier, qui s'est tenu pendant ces deux dernières journées à Sophia Antipolis, avait selon lui un but essen-tiel: "permettre à tout scientifique, qu'il soit du sud ou du nord de la Méditerranée, de dialoguer avec ses pairs en disposant des mêmes connaissances et des mêmes outils".

A constater l'empressement des uns et des autres autour des ordinateurs disposés dans plusieurs salles du CDERAM, la societé euro-méditerranéenne de l'information naît sous les meilleurs auspices.

Roger-Louis BIANCHINI



The Information Society in the Euro-Mediterranean context