La société de l'information: nous y sommes et nous y serons
de plus en plus. On le voit bien avec Internet - et ce n'est qu'un début:
la communication entre les hommes ignore les frontières, les distances
et le temps. Cela va changer beaucoup de choses dans notre manière
de vivre, de travailler et de penser. Les enjeux économiques et sociaux
sont incommensurables.
L'Europe s'en préoccupe car il ne s'agit pas de laisser notre communauté
sur le bord de la route alors que les Etats-Unis fonceraient de l'avant.
Et rafleraient tous les marchés. L'ERCIM, ou consortium européen
pour la recherche en informatique et mathématiques, a été
créé pour que ses pays membres n'avancent plus en ordre dispersé.
Mais, pour autant, l'Europe ne néglige pas ses alliés naturels
qui bordent les rives sud de la Méditerranée. Au contraire:
la Commission européenne souhaite relever le défi qui consiste
à les associer au développement de cette fameuse société
de l'information.
C'est la raison d'être d'un atelier organisé par l'ERCIM,
hier et lundi, au CERAM de Sophia Antipolis sous l'égide de l'INRIA
et de la Commission européenne. Vingt-sept pays étaient représentés
dont le Maroc par son ministre de l'enseignement supérieur M. Khalil.
Michel Carpentier, de la Commission européenne, pouvait se féliciter
du succès de cette réunion: "La communauté européenne
a prévu d'investir 25 milliards de francs dans un par-tenariat entre
l'Europe et les pays de la Méditerranée. Il s'agit de permettre
a nos partenaires euro-méditerranéens d'accéder, dés
à présent, aux toutes dernières technologies afin d'éviter
une rupture entre les deux rives de la Méditerranée. De mieux
se structurer, de combler le fossé qui nous sépare d'eux dans
le développement de cette société de l'information.
Le message politique est clair: cette mise à niveau par une structuration
et des échanges est un facteur de stabilité pour tous et,
aussi, un atout important dans la rivalité économique et culturelle
qui nous oppose aux Etats-Unis dans cette partie du monde si proche de nous".
Le projet Aquarelle
Il faut dire que l'ERCIM, maître d'oeuvre de cet atelier
réservé aux chercheurs universitaires et industriels et aux
enseignants, a fait de très sérieux efforts pour créer
une véritable communauté scientifique européenne en
informatique et mathématiques depuis cinq ans. C'est le professeur
Christos Nikolau, chercheur à l'lnstitut National de Recherche Grec
et président du comité exécutif de l'ERCIM,
qui l'affirme, exemples à l'appui: "Nous offrons des bourses
à de jeunes chercheurs qui réalisent des projets regroupant
plusieurs équipes dans divers pays. Nous avons mis sur pied des réseaux
de chercheurs sur des sujets spécifiques, nous organi-sons des ateliers
et des visites et nous faisons des propositions pour des projets communs".
"L'un d'eux, à but culturel, se nomme Aquarelle. Il s'agit de
créer un réseau informatique pour connecter les musées
français, italiens, grecs et anglais. Chacun pourrait découvrir,
en se branchant sur ce réseau, les tableaux et autres objets d'art
contenus dans chacun des musées. Nous avons aussi l'idée de
créer une bibliothèque virtuelle. La encore, chacun, en payant
ou gratuitement, selon qu'il s'agisse d'une information pédagogique
ou commerciale, pourra lire sur son écran le livre ou le document
qui l'intéresse à partir d'une base de don-nées commune".
"Relations entre les hommes par l'échange d'idées mais
aussi réalisations communes, ajoute le directeur général
de l'ERCIM, M. Jean - Michel Chassériaux. Pour ce qui est
de la Méditerranée, par exemple, trois projets ont été
retenus: le management des zones côtières en collaboration
avec IFREMER, l'évaluation des risques sismiques et celle des réserves
en eau. Il s'agit de créer des bases de données à distance
et des réseaux de surveillance en mettant à la disposition
des spécialistes des modèles mathématiques qui permettraient,
par exemple, de prévoir l'évolution des niveaux de pollution
dans telle ou telle zone et cela à partir de leurs propres informations".
L'atelier, qui s'est tenu pendant ces deux dernières journées
à Sophia Antipolis, avait selon lui un but essen-tiel: "permettre
à tout scientifique, qu'il soit du sud ou du nord de la Méditerranée,
de dialoguer avec ses pairs en disposant des mêmes connaissances et
des mêmes outils".
A constater l'empressement des uns et des autres autour des ordinateurs
disposés dans plusieurs salles du CDERAM, la societé euro-méditerranéenne
de l'information naît sous les meilleurs auspices.
Roger-Louis BIANCHINI
The Information
Society in the Euro-Mediterranean context